Les professionnalisations du travail social
Les professionnalisations du travail social
Une sociologie de trois groupes professionnels : assistant de service social, éducateur spécialisé, conseiller en économie sociale et familiale
Yvette Molina
Résumé
Cet ouvrage analyse les processus de recompositions professionnelles pour trois groupes « historiques » du travail social : assistant de service social, éducateur spécialisé, conseiller en économie sociale et familiale. Des imbrications complexes sont mises à jour, entre régulations politiques et administratives, logiques managériales au sein des organisations de travail, et parcours biographiques des professionnels, afin de mieux en saisir les enjeux. D’un champ professionnel initialement segmenté, l’autrice pose l’hypothèse d’un processus de désegmentation qui fait entrer en tension des logiques identitaires d’un côté, et des logiques hétéronomes de la tutelle et des employeurs principaux, de l’autre.
Extrait
Si l’action sociale connaît depuis les années 1980 de fortes transformations, notamment sous la poussée des lois de décentralisation, ces évolutions interrogent le monopole des activités par les différents groupes qui composent le champ professionnel du travail social (Larson, 1977). Leurs principaux employeurs sont devenus les conseils départementaux (Vroylandt et Amar, 2018) et le monde associatif (secteur privé à but non lucratif) lui aussi financé, pour une large part, par ces collectivités. Les logiques de management de ces institutions sociales, socio-éducatives et médico-sociales adoptent celles du privé et de la rentabilité, et rejaillissent sur la gestion des personnels et les politiques d’emploi des travailleurs sociaux. Les frontières entre les professions sociales s’estompent. Les missions ou fonctions sont priorisées au détriment de la logique de métier ou de profession.
Le modèle de la compétence se substitue à celui de la qualification et devient un nouveau paradigme traversant tant le champ de la formation que de la profession notamment avec l’introduction de la validation des acquis de l’expérience. La valorisation des compétences traverse les grandes entreprises du monde économique y compris celles qui embauchent les travailleurs sociaux et celles qui les forment (Monchatre, 2007 ; Reynaud, 2001)
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